Carrie de Brian de Palma, chef d’oeuvre

Publié le par Jérémy Egri

Carrie de Brian de Palma, chef d’oeuvre

Sur House of Geeks, je vous parlerai des films fraichement sortis, des films à venir, mais également des films qui ont marqué les spectateurs ou qui m’ont simplement marqué moi.

On abordera souvent Stephen King dans ce blog. Pas besoin d’être geek pour aimer le King, c’est un écrivain américain, un vrai, mais il faut dire qu’il a énormément imprégné la culture pop mondiale avec ses romans cultes. Vous avez peur des clowns? C’est sa faute.Vous êtes scénariste de Lost et vous manquez d’inspiration? Pompez La Tour Sombre. Sans m’attarder sur les innombrables oeuvres de King qui continuent encore de marquer des générations, commençons par le commencement avec Carrie, ou Carrie au bal du diable pour la VF du film.

Avant d’être un film culte, Carrie est un roman de Stephen King, et même LE premier roman publié par Stephen King, en 1974. Il s’agit aussi du premier livre de King à avoir été adapté au cinéma. Suivront une centaine d’adaptations plus ou moins réussies. En effet, si l’américain du Maine doit sa renommée à la qualité de son écriture, le cinéma a largement contribué à populariser son univers à travers des films cultes comme Misery de Rob Reiner, Shining de Stanley Kubrick, Dead Zone de David Cronenberg ou les Evadés de Frank Darabont, l’adaptateur quasi officiel du King, celui qui a lancé la série The Walking Dead. Malheureusement la liste des adaptations réussies de ces oeuvres est aussi longue que celles ayant donné lieu à des navets, à la télé, avec Bag of Bones par exemple, ou au ciné, avec Dreamcatcher. De fait, Carrie ne constitue que la première étape d’une longue relation entre l’écrivain et le cinéma.

Carrie de Brian de Palma, chef d’oeuvre

Et c’est Brian De Palma qui ouvre le bal si j’ose dire parce que Carrie au bal du diable. Mon dieu. Bref, en 1976, De Palma adapte l'histoire de cette adolescente qui en même temps qu’elle entame la puberté se découvre des pouvoirs télékinésiques. Elle peut faire bouger des objets avec son esprit quoi. Non ce n’est pas le pouvoir le plus cool, le plus cool c’est la téléportation. Si si. Cependant les pouvoirs dont disposent l’héroïne sont intéressants en ce qu’ils se révèlent suite à l’humiliation subie par la pauvre Carrie lors d’une scène d’ouverture magistrale.

Cette scène a failli ne jamais voir le jour, de même que le roman, car King avait jeté le brouillon des premières pages qu’il avait uniquement écrites en réponse à une amie lui reprochant d’être un macho man. Du coup, King a fait preuve d’un bon esprit de contradiction en mode "ça lui montrera, féministe de mes deux". Et il y est pas allé de main morte. Dans la dite scène, l’ado ringarde Carrie prend sa douche dans le vestiaire du lycée et découvre pour la première fois ce que ce sont les menstruations. A la vue du sang, les grognasses du lycée deviennent hystériques et se mettent à jeter des tampons sur Carrie, en état de choc. King a jugé son écrit mauvais, l’a mis à la poubelle, jusqu’à ce que sa femme Tabitha repêche le trésor pour le convaincre d’ écrire le roman. Et peut être qu’elle a planqué la binouze.

Si De Palma a procédé à des élipses et des rajouts, il ne pouvait se priver de cette scène incontournable. Au moyen d’un beau travelling, il ouvre le film en montrant les douches, les cuisse écarlates de Carrie, puis l’éruption de cruauté qui va sceller le sort du lycée par le sang, le genre de faux pas dont on sait immédiatement qu’il va provoquer moulte décapitations comme dans un bon épisode de Game of Thrones. Ou une tragédie grecque si vous êtes nés en l’an 1800. Chacun ses références.

Autre aspect de la production qui rend l’ouverture (et le reste) inoubliable, la musique. Pino Donaggio, en bon compositeur, a un impact important sur l’histoire. Il apporte une dimension pathétique au personnage. Personnellement, ce film me fout bien plus les glandes que toutes les mièvreries avec Tom Hanks ou produites par Robert Zemeckis, où les deux. Même si j’aime bien Forrest Gump. La petite Carrie va morfler, grave, et tout ça va se finir dans une scène culte, mille fois parodiée, dans laquelle la malheureuse se fait peinturlurer avec du sang de porc. On ne racontera pas la fin mais vous pouvez regarder le film pour la première fois malgré ces informations tant cette scène connue du grand public est entrée dans la pop culture.

Carrie de Brian de Palma, chef d’oeuvre

Parlons casting à présent. Les auditions ont été organisées conjointement avec celles de Star Wars! Yes! Rappelons que George Lucas fait partie de la même clique que De Palma, Spielberg, Scorcese et Coppola, les pontes qui auront marqué le début et la fin de ce qu’on appelle le Nouvel Hollywood. Ainsi Amy Irving, future ex femme de Spielberg, tiens tiens, auditionne pour le rôle de Leia Organa, mais repart finalement avec le rôle d’une des tourmenteuses de Carrie, laissant la place libre à Carrie Fisher pour le rôle de la princesse aux bigoudis. Le rôle principal, « the lead role » comme on dit aux States, a fini par être attribué à la géniale Sissy Spacek. Hollywood étant une industrie comme une autre, ou pas, faut voir, l’actrice d’alors 26 ans décroche l’audition par piston et convainc DePalma de l’engager dans le rôle de Carrie en se collant de la vaseline dans les cheveux et en venant plus ou moins en guenilles. Et ben ça a marché! Spacek est parfaite pour le rôle, mais il fallait aussi pourvoir le rôle incontournable de la mère de la jeune fille, une fanatique religieuse horrible, qui contribuera à la descente aux enfers de sa fille. Pour se faire, Piper Laurie est ressortie du grenier d’Hollywood. Elle livre une performance incroyable, au rang des meilleurs personnages féminins atteints d’un sérieux trouble mental. Je ne sais pas pourquoi, mais la folie des femmes à l’écran, ça a de la gueule quand même! Regardez Kathy Bates dans Misery, Natalie Portman dans Black Swan, ou Glenn Close dans Liaison Fatale. Liaison Fatale, c’est le film qui vous fera passer l’envie de tromper votre meuf, soit l’équivalent d’un bon coup de pied dans les couilles. Pour finir sur les acteurs, Nancy Allen obtient le rôle de LA tepu blonde du lycée et décrochera d’autres rôles chez De Palma quelle finira par épouser. Enfin Carrie offre à John Travolta son premier rôle conséquent. Travolta est très bon en gros beauf. Nan sérieux.

Voilà, c’est l’essentiel sur ce film qui m’a fait comprendre ce qu’était une histoire bien racontée, une bonne vieille tragédie en résumé. Le film a rapporté plus de 33 millions de dollars au box office américain pour un budget de 1 800 000. En plus de ce succès commercial, Carrie a connu un véritable succès critique et reste à ce jour un des rares films d’horreur ricains à avoir été nommé aux oscars.

Attention, les suites de ce film sont de mauvaises qualités. La comédie musicale Carrie a été un des plus gros flops de Broadway. Quant au récent remake avec les excellentes Chloe Grace Moretz et Julian Moore, la scène de la douche avec des smart phones dans la BA ne m’a pas convaincu de le voir. Le geek n’est pas qu’un consommateur, il n’ira donc pas voir le remake.

P.S: Le geek se prend visiblement pour Alain Delon.

Publié dans Cinéma

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